Mustapha n'avait plus un sou. Impossible
d'acheter quelque chose pour garnir son pain.
Dans une rue, il passa devant un homme qui
faisait des grillades. Il approcha son pain du
fumet, en se disant : «Ainsi, mon pain aura
peut-être un peu de goût. » Mais l'homme se
redressa d'un coup, empoigna Mustapha
comme on attrape un voleur et lui demanda
une pièce d'un dinar.
- Pour quelle raison ? dit Mustapha, étonné.
- Tu as pris un peu de l'odeur de ma viande ;
il faut que tu me la payes.
Les deux hommes se disputèrent longtemps
Ils finirent par aller voir Nasreddine Hodja,
qui les écouta attentivement.
Nasreddine réfléchit, puis il sortit un dinar
du sa poche, le fit tinter par terre avant de le
remettre tranquillement â sa place, et dit
à l'homme :
- As-tu entendu te tintement de mon dinar ?
- Bien sûr, dit l'homme.
- Eh bien, garde-le, c'est le prix du fumet de
ta viande.