Le fils de Nasdreddine

(Lilia , Sofiane, Anis et Antoine)



Le fils de Nasreddine avait treize ans. Il ne

se croyait pas beau. Il était même tellement

complexé qu'il refusait de sortir de la maison.

« Les gens vont se moquer de moi », disait-il

sans arrêt. » Son père lui répétait toujours qu'il

ne fallait pas écouter ce que disent les gens parce

qu'ils critiquent souvent à tort et à travers,

mais le fils ne voulait rien entendre.

Nasreddine dit alors à son fils : « Demain, tu

viendras avec moi au marché. »

Fort tôt le matin, ils quittèrent la maison.

Nasreddine Hodja s'installa sur le dos de l'âne

et son fils marcha â côté de lui.

A l'entrée de la place du marché, des

hommes étaient assis à bavarder. A la vue de

Nasreddine et de son fils, ils lâchèrent la bride

à leurs langues : « Regardez cet homme, il n'a

aucune pitié ! il est bien reposé sur le dos de

son âne et il laisse son pauvre fils marcher à

pied. Pourtant, il a déjà bien profité de la vie,

il pourrait laisser la place aux plus jeunes. »

Nasreddine dit à son fils : « As-tu bien entendu?

Demain, tu viendras avec moi au marché. »

Le deuxième jour, Nasreddine et son fils

firent le contraire de ce qu'ils avaient fait la

veille : le fils monta sur le dos de l'âne et

Nasreddine marcha a côté de lui. A l'entrée de

la place, les mêmes hommes étaient là. Ils

s'écrièrent à la vue de Nasreddine et de son fils

« Regardez cet enfant, il n'a aucune éducation,

aucune politesse. Il est tranquille sur le dos de

l'âne, alors que son père, le pauvre vieux, est

obligé de marcher à pied ! » Nasreddine dit à­

son fils : « As-tu bien entendu ? Demain, tu

viendras avec moi au marché ! »

Le troisième jour, Nasreddine Hodja et son

fils sortirent de la maison à pied en tirant l'âne

derrière eux, et c'est ainsi qu'ils arrivèrent sur

la place. Les hommes se moquèrent d'eux :

« Regardez ces deux imbéciles, ils ont un âne

et ils n'en profitent même pas. Ils marchent à

pied sans savoir que l'âne est fait pour porter

les hommes. » Nasreddine dit à son fils : « As-­tu bien entendu?

Demain, tu viendras avec moi au marché ! »

Le quatrième jour, lorsque Nasreddine et son

fils quittèrent la. maison, ils étaient tous les deux

juchés sur le dos de l'âne. A l'entrée de la place,

les hommes laissèrent éclater leur indignation

Regardez ces deux-là, ils n'ont aucune pitié

pour cette pauvre bête !» Nasreddine dit à son

fils : « As-tu bien entendu? Demain, tu viendras

avec moi au marché ! »

Le cinquième jour, Nasreddine et son fils arri­vèrent au marché

portant l'âne sur leurs 'épaules.

Les hommes éclatèrent: de rire : « Regardez ces

deux fous ; il faut les enfermer. Ce sont eux qui

portent l'âne au lieu de monter sur son dos.

Et Nasreddine Hodja dit à son fils : « As-tu

bien entendu ? Quoi que tu fasses dans ta vie, les

gens trouveront toujours à redire et à critiquer.

Il ne faut pas écouter ce que disent les gens. »